On vous parle souvent de l’Ecole des Hiboux dans ces pages, forcément, car créée au sein du club ! Un qualifié par-ci, un instructeur par-là…quelques tours en double histoire de se refaire la main après un été consacré aux apéros , l’hiver est plus propice car la nuit aéro plus longue aussi.
Et puis un jour, on voit le président de notre club, Alain Bondon, vous attendre au retour de votre vol en fin d’après midi, l’oeil vif, la question sans détour, « t’as refuelé ? » , on se dit qu’on a bien fait de s’arrêter à la pompe… et on commence à se douter que le boss part se promener de nuit.
Bref, laissons Alain nous narrer ses aventures nocturnes :
« Pour faire plaisir à ma compagne, je souhaitais lui offrir ce que je considère, à mes yeux, comme le vol le plus émotionnel que l’on puisse effectuer, tant au niveau du pilotage que de la vision du monde extérieur, un Vol de Nuit.
Ce 6 Mars 2022, j’avais donc programmé un vol vers Valence et Avignon, à défaut de pouvoir voyager vers le sud compte tenu de la météo. Il s’agissait de ma première vrai navigation « solo », après de multiples vols accompagné de notre Chef Pilote. Mesurant la tâche qui m’attendais, j’avais pris le soin de multiplier les mesures de sécurité (emport de 3 GPS, VHF portable bien que notre avion dispose déjà de 2 radios…..) ce qui ne fût pas inutile.
Vérification de l’avion sous toutes les coutures, à tel point que j’en oubliais de couper la batterie après les essais. Le flash de l’anti-collision permit de réparer cet oubli rapidement.
Départ à la limite de l’heure nocturne (ce qui sous-entend qu’en cas de problème on ne doit pas se reposer à Tallard).
Après la première check après décollage, je m’aperçois que la navigation affichée sur ma tablette ne bouge pas. Ça commence mal mais je me dis qu’en prenant de l’altitude, ça va finir par arriver. Que nenni ! Je m’escrime à manipuler GPS et tablette, rien n’y fait, l’avion de « Mach 7 » reste scotché à Tallard. Pas grave, j’essaie de garder le cap sur MTL tout en continuant à progresser en altitude pour éviter les reliefs, il fait de plus en plus noir (c’est une nuit pratiquement sans lune) et je m’aperçois, qu’un vent du nord me dévie de ma route initiale (merci les feux au sommet du Ventoux).
Je laisse donc tomber la tablette et me préoccupe d’allumer l’un de mes GPS de secours, un « GO TO « vers VALENCE me paraissant être la solution à mes problèmes lorsque j’aurais atteint la Vallée du Rhône. Pendant ce temps je pris également contact avec le contrôle de Provence.
Ma compagne, qui avait conscience des difficultés que je subissais, affichait un calme imperturbable et m’aidait, autant qu’elle pouvait (manipulations, éclairage…).
Arrivé du côté de Montélimar, je regarde machinalement ma tablette et, oh miracle, la navigation affichée fonctionnait. Je poursuivais donc avec cet instrument.
Décidé à faire un « touché » à Valence, j’en informais le contrôleur de Lyon qui autorisa la manoeuvre bien que je n’avais prévu qu’un seul plan de vol. A ma demande, le PCL illumina la piste et le miracle s’accomplit une nouvelle fois : celui qui n’a jamais atterri de nuit ne peut pas comprendre l’émotion que l’on ressent à cette occasion…
Le trajet vers Avignon ne présenta aucune difficulté. Nous avons pu admirer le long serpent lumineux des voitures sur l’autoroute. Le contrôleur d’Avignon, visiblement désœuvré, mais n’ayant pas l’intention de poursuivre notre relation trop longtemps, m’a demandé de faire une arrivée directe sur la vent arrière de la 35 (la vision de la piste à cet instant est quasi nulle). Connaissant déjà les lieux, je n’ai eu aucune difficulté dans l’approche).
Nouvelle belle émotion en finale avec, quand même, un vent de 13 noeuds.
Seul au parking, je dus néanmoins tournoyer pour trouver un emplacement qui convienne au contrôle. Même de jour, le lendemain, je n’ai toujours pas compris le marquage au sol.
Cette petite histoire, je vous la confie pour que vous sachiez que le Vol de Nuit c’est, à chaque fois, une expérience inoubliable. Mais c’est aussi beaucoup de travail, absorbé par la passion, que l’on ne perçoit pas forcément lorsqu’on voyage avec un instructeur comme Serge Boichot. Avec Serge, tout nous paraît simple, tout est beau, on en profite un maximum. Alors, n ‘hésitez pas pour vous faire plaisir, partez avez Serge, partez ensuite avec un autre pilote qualifié nuit et si vous vous sentez bien aguerri, lancez-vous seul.
A chaque fois, si vous êtes bien imprégné des exigences du Vol de Nuit, vous vivrez des instants mémorables. »
Tout est dit ! Félicitations, Alain pour ce premier solo de nuit !
Et n’hésitez pas à venir découvrir l’Ecole des Hiboux !