Apres Denis, qui a fait l’ouverture de cette rubrique, votre « admin » se lance à son tour avant que la mémoire ne s’échappe.
Arrivant au club, Michel me dit ce jour-là, « Tu as préparé St Flour? Ben oui, pourquoi? c’est pas bon? Si, si, t’inquiètes pas, mais tu vas y aller finalement en solo, j’ai de la paille à faire à l’atelier, et en plus, moi je connais, St Flour! » Ahhh le traitre !
D’une petite nav sympathique tranquille avec son instructeur préféré à un jet de pierre de Rodez, me voilà parti pour ma première nav à destination d’un terrain que je ne connais pas. Tout seul. Du coup, la préparation de la météo prend une importance capitale, d’autant qu’ils annoncent une petite dégradation en approche, les pressions chutent et j’ai envie de 1 ne pas me perdre, 2 trouver le terrain sans frayeur, 3 faire tamponner mon carnet et rentrer à balle avant la flotte. J’essaie bien de négocier mais l’ancien adjudant artilleur reconverti en instructeur avion ne lâche rien. Non, la météo est très acceptable, pas de souci, tu seras rentré bien avant la pluie ! Bon, ne jamais faire confiance à un artilleur qui s’improvise météorologue…
Du coup, je ne traîne pas, météo, notam, cartes, papiers, carnet de route, pétrole, prévol, un œil sur le ciel qui effectivement se charge peu à peu, je ne fais pas le fier quand j’arrache le DR400 F-GLVB de la piste de LFCR Rodez Marcillac en direction de LFHQ St Flour Coltines.
La nav n’est pas bien compliquée, c’est bien connu, en avion , c’est toujours tout droit…! Et en plus, un VOR crache ses radiaux juste à 1 km du terrain…chance ! Je vole sous les nuages, les sommets du Cantal sont bien accrochés mais ça passe. Le petit col repéré m’amène tout droit sur St Flour ville, impossible à manquer avec sa partie haute accrochée à cette falaise, et le terrain, il est où? le VOR confirme…enfin confirme … si on veut, car une fois qu’on a suivi le radial idoine, que l’aiguille bascule…et ben, la grande plaine supposée accueillir ce fichu terrain est toujours aussi vide de piste d’aérodrome … Obnubilé par le VOR, j’ai du oublier de regarder dehors…sans commentaire, à l’époque où GPS et autres EFIS envahissent les cockpits…
Et VB, vaillant 120cv qui, du coup, avance beaucoup trop vite pour mon cerveau ralenti par le doute… Bref, un peu de transpiration, un zig et un zag, un message flou à la tour pour annoncer mon arrivée sans visuel de la piste…heureusement je suis seul dans le circuit et d’un coup, ma rétine rétive enregistre un mince trait noir dans une immensité jaunâtre, nous sommes mi novembre, ok, ce n’est pas la Mongolie non plus, mais pour moi, c’est pareil !
Verticale, vent arrière base et finale s’enchainent et habitué aux 45 m de large de Rodez, j’ai l’impression d’arriver avec un avion beaucoup trop gros ! Bref, posé pas cassé, roulage à la tour et tel Artaban, je vais payer la taxe.
L’agent Afis n’est pas très bavard mais me dit quand même de ne pas traîner si je dois rentrer à Rodez, et j’en oublie le tampon sur mon carnet de vol ! Ce n’est pas le jour pour une truffade…
A peine le temps de réaliser que je suis déjà en vol retour et horreur, mon col de l’aller a disparu ! D’ailleurs tout est en train de disparaître sous les lambeaux de stratus et cette grande cuvette veut me garder ici. J’aperçois malgré tout un autre petit col direction sud encore dégagé de nuages, avec du ciel presque bleu derrière, et tel un chasseur déclenchant son combat, je bascule VB sur l’aile et me glisse en radada. Le plafond reste au dessus de moi, ça vaut mieux, et après le col, le sol s’abaisse, je suis sauvé…!😂 Rodez m’accueille sous les premières gouttes, mais je suis à la maison ! Je retrouve mon adjudant artilleur mort de rire « alors, c’était bien St Flour??? », j’hésite entre l’étrangler ou lui payer l’apéro…et comme tout bon Vosgien et ex-artilleur, je suis sûr qu’il préfère l’apéro et puis, il est trop costaud pour mes forces aspirées par cette première nav solo.
Quelques mois plus tard, je retourne à St Flour avec un copain, qui lui non plus ne trouve pas ce terrain, ce qui me rassure…Nous assistons à une manche de racers F1, bêtes de courses, et j’oublie encore de faire tamponner mon carnet de vol…
Si vous faites un tour à Rodez, allez faire un coucou de ma part à Michel, instructeur et fondateur de l’Av’AIRon, sympathique aeroclub basé à LFCR, propriétaire d’un magnifique 172R. Et n’oubliez pas d’ouvrir les yeux si vous ne passez pas très loin de St Flour.
FG.